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Cet article passe en revue de nombreux problèmes divers posés par la traduction en chinois de Gödel, Escher, Bach de Douglas R. Hofstadter, livre dont le thème central est le rapport entre la démonstration métamathématique de Gödel de l'incomplétude de l'arithmétique et l'esprit, la conscience, et l'intelligence artificielle. Le livre est organisé en dialogues suivis de chapitres techniques ou philosophiques. On y trouve un nombre très important de jeux de mots, d'auto-références, de jeux structurels, de sigles, d'acrostiches, et de relations réciproques entre forme et fond, sans parler de discussions portant sur la prose "non-sensique", sur le textes générés par ordinateur et sur la traduction. L'article commence par une discussion de quelques difficultés de traduction de certains jeux de mots en un système d'écriture non-alphabétique. Le texte de départ contient d'innombrables références et d'exemples tirés de la culture américaine qui, traduits tels quels, ne seraient nullement compréhensibles par des lecteurs chinois. Par conséquence, les traducteurs ont décidé de les remplacer par des "équivalents" dans la culture chinoise. Les processus qui les ont amenés à leurs choix sont décrits en détail. De plus, chaque dialogue a un caractère "auto-référentiel", c'est-à-dire que sa structure est le plus souvent le reflet de son contenu. Par exemple, la discussion des personnages de l'un des dialogues porte sur les acrostiches: il y a donc dans ce dialogue un acrostiche caché au niveau des répliques. Le dilemme tra-ductologique classique se voit surgir: devrait-on garder la structure du dialogue au détriment de son contenu explicite ou l'inverse? Une partie importante de l'article est consacrée à la discussion de la fidélité de "haut niveau" (c'est-à-dire, structurelle) d'une traduction par rapport à sa fidélité de "bas niveau" (détails explicites, voire superficiels). Ensuite, sont examinés les problèmes philosophiques posés par la traduction d'un texte produit par ordinateur: en particulier, dans quelle mesure peut-on attribuer un "sens" a un tel texte vu qu'il a été produit par une machine? Cet article commente également les difficultés rencontrées lors des tentatives des traducteurs de rendre en chinois les subtilités de certains passages qui frôlent, à la Lewis Carroll, les limites du non-sens ou qui regorgent de termes inventés, d'allusions vagues ou d'expressions compliquées, obscures ou opaques.