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La traduction -le processus de communication qui s'opère entre des langues différentes - doit délivrer un message donné tant du point de vue linguistique que paralinguistique. Le traducteur doit maîtriser le code linguistique mais aussi la signification des moyens paralinguistiques mis en oeuvre, comme le silence, qui, très souvent, accompagne les signes linguistiques. Le silence exprime une série de fonctions dont l'insuffisance des expressions verbales, la politesse, l'hésitation, la réflexion, la triste obligation d'accepter l'autorité, et le refus de coopérer. Le présent article aborde donc la traduction arabe-anglais du silence dans le roman de Salih, Season of Migration to the North. L'auteur y démontre le rendu erroné, par le traducteur, Johnson-Davies, du silence et de tout ce qu'il reflète: l'incapacité à trouver des termes appropriés, la confusion d'esprit, l'amertume et le mystère. De plus, la traduction de Johnson-Davies semble porter atteinte à une fonction rhétorique que de Waard et Nida (1986:83) intitulent la "progression logique". Celle-ci traite de conséquences et de relations, telles que les rapports de cause à effet et de condition à effet. Par conséquent, la traduction sépare plutôt qu'elle ne relie les événements du roman et déforme leur signification. Enfin, l'auteur de l'article présente plusieurs aspects théoriques ayant une incidence sur la science de la traduction; tout traducteur devrait être conscient que l'usage de points de suspension ou que l'absence de mots pour marquer le silence n'impliquent pas nécessairement l'absence de discours ou de pensées. Les significations exprimées par le biais de la paralinguistique ne peuvent donc pas être considérées comme périphériques ni être négligées dans la traduction. D'autre part, en traduction, la maîtrise du système de la langue d'origine ne suffit pas, elle doit être accompagnée d'une connaissance parallèle des fonctions des mécanismes paralinguistiques, comme le silence.