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Traditionnellement, la traduction littéraire a été dotée d’une qualité inférieure, comme s’il s’agissait d’une reproduction douteuse de l’original, ce dernier étant, dÛ à sa présumée originalité, d’une qualité incontestable. Cette hypothèse gagne du terrain lorsque le texte à traduire appartient au genre de la littérature de la Shoah, ce qui, en soi, est une réalité qui se résiste à être recréée et, par extension, représentée, réécrite et finalement traduite. Une telle croyance se nourrit de la certitude que la Shoah ne puisse se traduire avec des mots, puisqu’il s’agit d’une expérience inconnue de ses propres victimes. Puisque mon intention n’est en aucun cas de nier une telle réalité, j’estime qu’il est fort temps que l’on lutte contre les points de vue qui insistent sur l’impossibilité de communiquer l’univers concentrationnaire. Les différentes visions devraient reconnaître le rôle vital que la traduction joue dans la diffusion de la connaissance de la Shoah. En fait, la traduction est la responsable de donner l’envie internationale de dévorer cette littérature et, par conséquent, de maintenir en vie la mémoire du génocide. Convaincue de l’importance de celle-ci dans la création d’une conscience universelle de la catastrophe européenne, j’entreprends cette étude sur les manières dont la traduction a contribué à l’internationalisation de la Shoah.