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SUMMARYThe study of 18th-century theories on the origin of language offers interesting insights into history of linguistics. These theories are intimately linked with 17th-century inquiries into the social and intellectual nature of man, and particularly with the views of Hobbes, Locke, and the Cartesians. 18th-century thinkers analyse these problems from a genetic viewpoint. Condillac in his Essai sur l'origine des connoissances humaines (1746) tries to solve them by advancing a theory of the progress of the operations of the mind, a theory in which a central role is attributed to language. This theory has recently attracted the attention of historians of linguistics, since it is considered the main source of an international debate on the origin of language culminating in Herder. It can be shown, however, that a large number of Condillac's ideas were anticipated in Bernard Mandeville's Fable of the Bees (1729). The present study suggests that Condillac was very likely familiar with the theses of the Fable and that he made use of them in his Essai. This suggestion is supported by an anlysis of the arguments and of certain fundamental concepts common to both works and by an account of the influence of Mandeville's theses in France during the first decades of the 18th century. But, as Condillac mentions neither Mandeville nor his Fable, his indebtedness to his precursor cannot be proved once for all. Nevertheless, the evidence presented makes it very plausible that Condillac profited from the original and innovative ideas of Mandeville.RÉSUMÉL'étude des conceptions de l'origine du langage au XVIIIe siècle nous offre des vues révélatrices sur l'histoire de la linguistique. Ces vues sont liées avec les discussions des philosophes du XVIIe siècle concernant la nature sociale et intellectuelle de l'homme, en particulier les thèses de Hobbes, de Locke et des Cartésiens. Ces questions sont analysées par les penseurs du XVIIIe siècle sous l'aspect génétique. Condillac, dans son Essai sur Vorigine des connoissances humaines tente d'expliquer ces problèmes en avançant une théorie du progrès des opérations de l'âme, une théorie qui atttibue un rôle central au langage. Cette théorie est devenue fort intéressante pour l'histoire de la linguistique parce qu'elle est considérée comme la source principale d'un débat international sur l'origine du langage qui parvient à son apogée chez Herder. Mais on peut démontrer qu'une multitude d'idées condillaciennes étaient anticipées dans la Fable des abeilles (1729) par Bernard Mandeville. La présente étude suggère qu'il est fort probable que Condillac ait connu les thèses de la Fable et qu'il s'en soit servies dans son Essai. Cette suggestion est soutenue par l'analyse de certaines conceptions fondamentales communes aux deux ouvrages et par un exposé de l'influence en France des thèses mandevilliennes pendant les premières décades du XVIIIe siècle. Mais comme Condillac n'a pas fait mention ni de Mandeville ni de sa Fable sa dette envers son prédécesseur ne peut pas être prouvée. Cependant le présent article met en évidence le fait que Condillac a profité des idées originales et innovatrices de Mandeville.