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Belgian Netherlandic and Canadian French: A Sociolinguistic Comparison
- Source: Language Problems and Language Planning, Volume 6, Issue 3, Jan 1982, p. 241 - 270
Abstract
SOMMAIRELe néerlandais belge et le français canadien: Une comparaison sociolinguistiqueCe n'est pas la première fois que Flamands et Québécois sont comparés les uns aux autres. Ceci s'explique par le fait que les deux peuples mènent depuis le siècle dernier une lutte linguistique dans leur propre pays; en plus, les conflits linguistiques belges et canadiens figurent parmi les plus tenaces du monde occidental.Par lutte linguistique nous entendons la lutte pour une existence linguistique sans complexes. C'est donc bien autre chose que ne pas se trouver dans l'obligation de parler l'autre langue. Ce qui compte c'est ce que les Flamands et Québécois substituent à l'autre langue. Les deux peuples se sentent-ils bien dans la "nouvelle" peau linguistique qui est "la leur," et dans quelle mesure? Il est, en effet, frappant qu'ils ne parlent pas le néerlandais et le français—leur "propre" langue de par la loi—comme le font les Néerlandais et les Français. Les Flamands et les Québécois sont immédiatement recon-naissables à leur usage de la langue standard. La question est alors de savoir comment il se fait qu'ils ne réalisent pas les modèles plus valorisés "comme il faut." Ne sont-ils pas capables de parler comme les Néerlandais (les Français)? Ou ne connaissent-ils pas suf-fisament le néerlandais (le français)? Ou ne veulent-ils pas parler comme les Néerlandais (les Français)? Tout cela joue un rôle.Les Flamands et les Québécois sont des locuteurs régionaux du néerlandais et du français, et l'on ne peut donc certainement pas s'attendre à ce qu'ils parlent comme les locuteurs du centre (Amsterdam-Rotterdam et Paris) puisqu'un locuteur régional de la langue standard ne peut pas parler exactement comme un locuteur de la langue standard du centre. Car pour celui qui ne vit et ne travaille pas dans le centre il est matériellement impossible de suivre de près l'évolution dans le centre. Par conséquent il y a toujours des différences entre la région et le centre, des différences qui peuvent être de nature qualitative ou quantitative (des fréquences). (Ceci ne vaut donc pas seulement pour les Flamands et les Québécois mais aussi pour les locuteurs régionaux de la langue standard aux Pays-Bas et en France.)Or, les Flamands et les Québécois ne peuvent être comparés aux locuteurs régionaux de la langue standard aux Pays-Bas et en France que jusqu'à un certain point. Car ce qui est parlé par la grande majorité des Flamands et des Québécois n'est pas considéré aux Pays-Bas et en France comme du néerlandais (du français) régional, mais comme du mauvais néerlandais—pas seulement par les locuteurs du centre, mais également par les locuteurs de la région. Le nombre d'interférences, d'hypercorrections, d'archaïsmes, d'éléments de l'écrit, de gallicismes (d'anglicismes) est trop élévé dans ce langage pour qu'on puisse encore parler de néerlandais (de français) régional. Ceci n'est pas une question de ne pas pouvoir, mais de ne pas connaître. Pour pouvoir comprendre ceci, il faut connaître l'histoire des deux communautés linguistiques, une histoire qui a été nettement malheureuse.Un premier point très important c'est l'isolement dans lequel la Flandre s'est retrouvée à la fin du 16ème siècle (le Québec au 18ème siècle) par rapport aux Pays-Bas (la France). En soi, cet isolement n'aurait pas encore dû signifier la catastrophe, même pas en ce qui concerne la langue. Le rétablissement progressif des possibilités politiques, économiques et culturelles aurait pu mener à la formation d'une propre langue standard. Mais pour cela il aurait fallu que les Flamands et les Québécois eussent pu occuper une position pleinement reconnue dans les nouvelles structures, une position qui eût laissé le champ libre à leur langue. Or dans les deux cas il n'en était rien. En Belgique, la langue du groupe dominant c'était le français, au Canada l'anglais, avec pour conséquence que la couche supérieure en Flandre et au Québec se mit à parler français et anglais—ce qui constitue le deuxième grand point du passé.Les dernières décennies ont vu beaucoup de changements, en premier lieu au niveau politique, mais aussi au niveau économique—ceci surtout en Flandre. Par rapport à la langue on s'est tout d'abord efforcé d'assurer les droits linguistiques des Flamands et des Québécois, mais puis les efforts se sont multipliés dans les deux pays pour améliorer la qualité de la langue standard. Ceci a certainement donné des résultats: le néerlandais des Flamands se trouve maintenant plus près de celui des Néerlandais qu'avant (le français des Québécois plus près de celui des Français).On pourrait en déduire qu'un jour les Flamands et les Québécois parleront tout à fait comme les Néerlandais et les Français. Je ne le crois pas. Ils ne parleront jamais comme les Néerlandais et les Français du centre, mais ils ne parleront non plus jamais comme les locuteurs régionaux aux Pays-Bas et en France. La raison en est qu'ils ne peuvent pas, et qu'ils ne veulent pas. Ils ne peuvent pas parce qu'ils vivent dans un autre pays, ils ne veulent pas parce qu'ils ne se sentent pas Néerlandais ou Français, ce qu'ils doivent faire entendre.Il me semble qu'à cet égard l'on ait déjà fait plus de chemin en Flandre qu'au Québec, surtout au niveau de la prononciation. Ceci s'explique par le fait que ce sont des choses qui occupent la Flandre depuis plus longtemps que le Québec, et aussi par le fait que la relation entre la Flandre et les Pays-Bas a toujours été moins unilatérale que celle entre la France et le Québec.RESUMOLa belga nederlanda kaj la kanada franca: Socilingvistika komparoOni jam ofte komparis flandrojn kaj kebekanojn unuj kun la aliaj. La kialo estas, ke ambaǔ popoloj jam delonge luktas lingvan lukton en sia lando; krome, la belga kaj la kanada lingvo-konfliktoj estas inter la plej akraj de la Okcidenta mondo.Lingva lukto estas lukto por la plenvalorigo de sia propra lingvo. Temas, do, tute ne nur pri tio, ke oni ne devas paroli la alian lingvon. La grava afero estas tio, kion flan-droj kaj kebekanoj uzas anstataǔ la alia lingvo. Kiel bone la du popoloj sentas sin en sia "nova," "propra" lingva haǔto? Ĉar estas evidente, ke ili ne parolas la nederlandan kaj la francan—do, laǔleĝe sian "propran" lingvon—same kiel la nederlandanoj kaj la francoj. Flandroj kaj kebekanoj estas tuj rekoneblaj surbaze se sia normlingva praktiko. La demando estas, kial ili ne realigas la pli alte estimatajn lingvomodelojn "kiel ili devus." Cu ili ne kapablas paroli kiel la nederlandanoj (respektive la francoj)? Au ĉu ili ne sufiĉe scipovas la nederlandan (francan)? Aǔ ĉu ili ne volas paroli, kiel la nederlandanoj (la francoj)? Cio-ci ludas rolon.Flandroj kaj kebekanoj estas regionaj parolantoj de la nederlanda kaj la franca. Do, ni certe ne povas atendi, ke ili parolu kiel parolantoj el la centro (la "Randurbo" de Nederlando, resp. Parizo), car regionaj parolantoj de la normlingvo ne povas precize paroli kiel normlingvanoj en la centro. Ciam estas diferencoj inter la regiono kaj la centro, diferencoj de kvalita au kvanta (ofteca) tipo. (Tio validas, do, ne nur pri flandroj kaj kebekanoj sed ankaǔ pri regionaj normlingvanoj en Nederlando kaj Francio.)Flandroj kaj kebekanoj estas tamen kompareblaj kun regionaj normlingvanoj en Nederlando kaj Francio nur gis certa punkto. Tio, kiun la granda plimulto de la flandroj kaj kebekanoj parolas, estas rekonata en Nederlando kaj en Francio ne kiel regiona nederlanda (resp. franca) sed kiel malbona nederlanda (franca)—ne nur laǔ la prijugo de parolantoj en la centro, sed same laû parolantoj el la regiono. La kvanto da inter-feroj, trokorektoj, arnaismoj, elementoj el la skriba lingvo, francismoj (resp. anglismoj) en tiu lingvouzo estas tro granda, ke oni ankoraǔ povu paroli pri regiona nederlanda (franca). Tio ne plu estas demando pri ne-povo, sed pri ne-kono. Se oni volas kompreni tion, oni devas koni la historion de ambaǔ lingvaj komunumoj, historio, kiu tutsimple estis malfelica.Unu unua tre grava punkto el la pasinteco estas la izoligo, en kiun Flandrio fine de la 16-a jarcento (Kebeko en la 18-a jc.) profondigis rilate al Nederlando (Francio). En si mem, tiu izoligo ne necese signifis katastrofon, ankaǔ ne pri la lingvo. Laǔstupa restarigo de la politikaj, ekonomiaj kaj kulturaj eblecoj estus povinta konduki al la for-migo de propra normlingvo. Sed, por tio, la flandroj kaj la kebekanoj estus devintaj okupi plenvaloran rangon ene de la novaj strukturoj, rangon, kiu kreus lokon por tia lingvo. Sed tio okazis nek en unu kazo, nek en la alia. En Belgio la lingvo de la super-reganta grupo estis la franca, en Kanado la angla. Rezulte—kaj jen ni atingis la duan tre gravan punkton el la pasinteco—ankaû la supera klaso en Flandrio kaj Kebeko ekparolis la francan (resp. anglan).En la pasintaj jardekoj multo sanĝiĝis, cefe politike, sed ankaǔ ekonomie—tio lasta certe rilate al Flandrio. Pri la lingvo, oni cefe klopodis sekurigi la lingvajn rajtojn de la flandroj kaj kebekanoj. Sed krom tio, ciam pli da homoj klopodis plibonigi la kvaliton de la norma lingvo. Iliaj agoj sendube liveris rezultojn: la nederlanda de la flandroj nun klare estas pli proksima al tiu de la nederlandanoj, ol antaǔe (la franca de la kebekanoj, al tiu de la francoj).El tio oni povus konkludi, ke la flandroj kaj kebekanoj iam tute parolos kiel la nederlandoj kaj francoj. Mi ne kredas tion. Ili neniam parolos kiel la nederlandanoj kaj francoj el la centro, sed ili ankaǔ neniam parolos kiel regionaj normlingvanoj el Nederlando kaj Francio. La kialo estas—ke ili ne povas, kaj ne volas. Ili ne povas, car ili logas en alia lando; ili ne volas, car ili ne sentas sin nederlandanoj (francoj)—fakto, kiun oni devus povi aǔdi, kiam ili parolas.Sajnas al mi, ke Flandrio, pri tiu punkto, jam pli antaǔas, ol Kebeko. Tio estas, ankoraǔfoje, rezulto de tio, ke oni jam okupas sin pli longe en Flandrio pri tiuj aferoj, ol en Kebeko; sed ankaǔ de tio, ke la rilato inter Flandrio kaj Nederlando ciam estis malpli unuflanka (unudirekta) ol tiu, inter Kebeko kaj Francio.