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Cet article examine les rapports entre le Dit de l’Herberie de Rutebeuf et une version anonyme entièrement en prose, transmise par le ms Paris, BnF, fr. 19152; ce texte contient des vestiges de vers dans des séquences correspondant à la section en vers du poète champenois, mais également des ébauches de versification dans les parties qui sont en symétrie avec la portion de texte que Rutebeuf a composée en prose.
Dans ces deux petits dits, qui traitent un sujet à la fois comique et sérieux, la rencontre entre vers et prose, par juxtaposition ou par fusion, permettrait de faire réagir le texte par une sorte d’alchimie de l’écriture: l’intégration des deux modes du discours littéraire confère aux monologues une forte empreinte poétique destinée à donner un éclat nouveau au langage ordinaire, mais elle a aussi comme effet de dissoudre dans la prose la suspicion de mensonge qui pèse sur le je narratif et auquel l’auteur s’identifie implicitement. Ce jeu sur la forme, loin d’avoir une valeur purement esthétique, répercute ses effets sur le sens et rend possible l’expression d’une parole ironique.