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À la fois vivipare et dotée d’ailes lui permettant de voler, la chauve-souris occupe une place ambiguë dans la classification zoologique d’Aristote, tandis qu’Ésope et Phèdre ont tiré argument de cette forme d’hybridité pour construire des fables à la morale par ailleurs contradictoire. Par contre, Pline en fit un oiseau. On verra ici comment cet héritage complexe fut transmis au Moyen Âge et intégré dans la littérature savante – d’abord les écrits des Pères de l’Église, puis essentiellement la littérature didactique (bestiaires et encyclopédies) et succinctement, les fables. On constatera ainsi que l’interprétation symbolique dont elle fut l’objet dans ce cadre atteste d’une double valorisation, à la fois positive et négative. Il appert toutefois d’après certains indices – notamment iconographiques – que dans les faits, la chauve-souris fut diabolisée et pourchassée par le peuple. Face à ces divergences en termes de perception, on tentera de comprendre les raisons qui ont fait que ce drôle d’oiseau a occupé une place à ce point particulière dans l’imaginaire médiéval.