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Si l’hétérolinguisme littéraire est aujourd’hui une chose reconnue et un phénomène amplement étudié par les critiques, les défis qu’implique la traduction, au sens le plus concret, de cette esthétique ont été encore peu abordés. Cet article tente d’apporter une contribution dans ce sens. Fondé sur un cas particulier, ma tentative de traduire en français The lonely Londoners, roman de l’écrivain indo-trinidadien Samuel Selvon, il interroge les enjeux esthétiques et éthiques de la pratique de la traduction littéraire dans un contexte minoritaire et un paradigme interprétatif fondé sur la valorisation de l’hybridité linguistique et culturelle des œuvres. Cette étude débouche sur une critique des positions défendues par Antoine Berman et Lawrence Venuti. Elle vise plus particulièrement à souligner que la traduction de l’hybridité linguistique dans le littéraire soulève des questions et exige des prises de position allant bien au-delà du choix entre le travail sur la lettre/foreignizing ou la traduction ethnocentrique/domesticating. Pour les traductologues, l’étude de ces phénomènes littéraires invite à concevoir le processus de traduction selon une perspective moins binaire et à repluser de la notion même de sujet traduisant.